Le thé au jasmin, l’ancêtre de nos thés parfumés. |
C’est justement sous la dynastie des Song que le pays a connu une longue période de paix qui a permis une croissance considérable de la population et généré un essor agricole et industriel important. Cette grande prospérité économique a amené aussi l’installation dans les villes et villages des premières maisons de thé populaires.
A cette époque, les thés aux fleurs étaient des thés au jasmin. Par la suite, d’autres fleurs ont été utilisées telles que orchidées, roses, pivoines, gardénias, fleurs d’osmanthe ou de chèvrefeuille. C’étaient des productions locales limitées, toutefois bien souvent très renommées.
C’est au milieu du 19e siècle que la production de thés aux fleurs a commencé à se généraliser et ce sont les thés au jasmin qui ont rapidement conquis la préférence des buveurs de thé. Ces thés représentent aujourd’hui un tonnage de production très important pour le marché chinois et aussi à l’exportation.
En fait, comment sont préparés les vrais thés au jasmin ? Le principe est simple et cette opération peut se faire à grande échelle et donc en usine, par lot de 10 000 kg. On choisit d’abord un thé fraîchement manufacturé, vert, noir ou oolong, que l’on étale en couche épaisse sur un sol aménagé à ces fins. Dés l’arrivée des fleurs en fin d’après-midi, on couvre ce thé d’une quantité équivalente en poids de fleurs de jasmin fraîchement cueillies. Toute la soirée les ouvriers vont remuer cet immense pavé de thé et de fleurs afin de les mélanger intimement pour que les huiles essentielles des fleurs soient absorbées par les feuilles de thé. |
Selon la qualité recherchée ce processus peut être répété jusqu’à 6 fois ou plus avec à chaque fois des fleurs fraîches. C’est le nombre de ces imprégnations et la qualité du thé mis en œuvre qui justifie le prix parfois très élevé de certains thés au jasmin.
Il existe par ailleurs différentes sortes de jasmin, notamment celui à fleurs pleines aux pétales pointus et celui à pétales ronds en couronne mais aussi toute une série de variétés locales. Longtemps les cultures de jasmin les plus célèbres étaient situées au Fujian, dans la région de Ningde. La croissance de la demande a amené le gouvernement à transférer cette production plus au sud, dans la province du Guanxi où il y avait à la fois une grande disponibilité de terres agricoles adaptées, un climat idéal et une main-d’œuvre abondante. |
La saison des fleurs dure de mi-avril à octobre. Les ouvriers cueillent tous les matins, regroupent leurs récoltes et apportent ensuite les filets pleins soit directement à l’une des usines de thé soit en ville au marché au jasmin. Là-bas une ardoise à l’entrée indique la température du matin, le taux humidité et affiche aussi les quantités livrées et les prix payés de la veille. Le jour de ma visite le prix au kg de jasmin payé aux paysans était de 15 RMB soit environ 1,5 €. Les fleurs sont ensuite mises en tas avec des grandes pelles de maçon, puis en grands sacs et enfin amenées à l’usine. C’est la fraîcheur des fleurs cueillies le jour même qui garantit le bon transfert des parfums. |
Après cette visite vraiment intéressante, j’ai voulu savoir ce que l’on faisait des tonnes et tonnes de fleurs épuisés ? Parfois on en fait des coussins de senteurs mais, croyez le ou non, généralement on les donne aux cochons qui s’en délectent.
Mon souvenir de ce 6e festival de thé au jasmin qui s’est tenu en août 2009 est l’odeur exquise qui embaume partout et monte des guirlandes, boules et autres ornements en fleurs fraîches que l’on offre à tous les participants. Même à l’hôtel vous trouvez une corbeille de boutons de jasmin dans la chambre et les hôtesses le portent en couronne.
Le thé au jasmin qui est donc bien l’ancêtre de nos thés parfumés a ainsi conservé son processus de fabrication ancestral avec toute sa fraîcheur naturelle.