Le théier, un peu de botanique et d’histoire pour commencer. |
• le Camellia sinensis var. sinensis, arbuste ne dépassant pas 5m, à petites feuilles rigides, qui pousse en altitude et supporte le gel, originaire des collines et montagnes de Chine d’où son nom.
• le Camellia sinensis var. assamica, arbre atteignant jusqu’à 20 m, à grandes feuilles souples, originaire des plaines tropicales du nord-est de l’Inde qui a besoin de chaleur et de fortes pluies.
La culture du thé est originaire de Chine et remonte à plus de 3 000 ans. La grande diversité des conditions de culture des théiers, des conditions climatiques, des caractéristiques du sol, des plantes environnantes constitue finalement des terroirs spécifiques. Des terroirs variés associés à de nombreux procédés de fabrication différents permettent souvent d’évoquer les 10 000 thés de Chine. Introduit par des moines bouddhistes en Corée et au Japon, le thé y est resté jusqu’au siècle dernier une boisson réservée aux religieux et aux élites. |
On rapporte que c’est en 1606 que des marchands hollandais de retour de Java ont apporté les trois premières caisses de thé chinois en Europe. Ils les avaient échangées contre une caisse de feuilles de sauge, plante médicinale alors très prisée en Europe. Cinquante ans plus tard, un navire anglais capture un navire hollandais et y découvre une cargaison de thé. Peu après, cette boisson devient la dernière mode à Londres où elle se consomme dans les maisons de café !
En quelques décennies, en Angleterre, la consommation de café est remplacée par celle du thé. L’East India Company, fondée par la reine Elisabeth 1re a obtenu l’ouverture d’un comptoir à Canton en 1684. Les importations de thé augmentent alors d’année en année et pèsent de plus en plus lourd sur la balance commerciale.
Or pendant des siècles la Chine avait veillé à conserver son monopole commercial sur le thé dont on ne connaissait ni la plante ni la culture en Europe. Il fallait donc se défaire de ce monopole à tout prix. Il fut brisé par le Traité de Nanjing en août 1842 qui obligeait la Chine à ouvrir d’autres ports aux étrangers donnant ainsi l’accès aux régions de production du thé.
La couronne britannique envoya alors un botaniste écossais, Robert Fortune en Chine, avec la mission de trouver les arbres à thé vert et les arbres à thé noir, d’en rapporter graines et plants afin d’introduire leur culture en Inde.
Au cours de deux voyages de plusieurs années, entre 1842 et 1849, travesti en mandarin et affrontant de nombreux dangers et difficultés, Robert Fortune a d’abord établi le constat de botaniste que le thé noir et le thé vert provenait d’un seul et même arbuste dont les feuilles subissaient des traitements différents. Il parvint également à exfiltrer de nombreuses graines et jeunes plantes. Transportées à Calcutta, puis sur les contreforts de l’Himalaya dans le Darjeeling, elles ont servi au développement de plantations en altitude, devenues par la suite célèbres dans le monde entier.
Peu de temps auparavant, les Hollandais avaient déjà réussi à se procurer quelques plants de thé qu’ils cultivaient dans leurs possessions indonésiennes depuis 1825. De plus, des planteurs anglais avaient identifié en Assam un théier sauvage dont les feuilles étaient consommées en boisson par les populations tibéto – birmanes de la région. Après en avoir améliorée la transformation, la première vente aux enchères de thés d’Assam a lieu à Londres en 1839.
Tout concourt à l’intensification de la culture du thé au cours de ce 19 e siècle. Ainsi, un parasite détruit les plantations de café de l’île de Ceylan et vers 1875, tous les planteurs se convertissent en masse à la culture du thé. Leur succès est tel que le thé de Ceylan éclipse pendant un certain temps le thé de Chine en remportant les médailles aux expositions coloniales de Londres, de Chicago et enfin de Paris en 1900.
Depuis ces implantations « coloniales », il y a eu de multiples croisements, greffes, clonages et aussi des mutations. Tout en gardant les deux variétés principales, les nouvelles sous-variétés de théiers ont acquis au fil des décennies des typicités qui les caractérisent.
Tout cela peut s’apprendre !! Si l’on s’y intéresse réellement, cette exploration peut ouvrir des horizons vers des contrées splendides, des cultures nouvelles, des traditions populaires sympathiques. Cela peut aussi développer vos facultés sensorielles, raffiner votre palais, vous donner envie d’apprécier d’une manière différente.
C’est sans limite, car sans calories et sans ivresse, un voyage en douceur.