De retour de la 7e China Tea Expo à Beijing (partie I) |
Cet effort promotionnel, parrainé par les instances nationales d’agriculture et la grande société d’état «China Tea», a pour but de permettre aux nouveaux et nombreux opérateurs privés de devenir plus visibles et de se faire connaître par les consommateurs nationaux mais aussi à l’étranger. Rappelons que c’est en 2006 que la Chine a dépassé l’Inde et est restée depuis le plus grand producteur mondial de thé.
Gérée au début avec une bonne ouverture sur l’Occident, cette grande exposition réunit chaque année plusieurs centaines de producteurs et négociants de thé, principalement des entreprises chinoises. Toutefois l’Inde, le Japon et Taiwan sont toujours présents ainsi que certains fabricants d’équipement, allemands et italiens notamment.
Les six premières années l’exposition s’était tenue dans le centre ville, à trois stations de métro de la Cité Interdite. Cette année, elle s’est installée au Centre de Congrès International, en bordure du village olympique et à quelques minutes du nouveau stade érigée pour les jeux de 2008. Locaux flambant neufs et fonctionnels, mais un peu plus long à rejoindre en métro, et encore plus long en taxi du fait de la circulation embouteillée et extrêmement dense.
L’exposition 2010 était splendide et très riche en thés magnifiques de toute sorte et de toutes les provinces productrices. Mais à la grande déception des visiteurs étrangers, on constatait l’absence criante d’indications et de documentation en anglais sur les exposants, à quelques exceptions prés !
Note : je possède le catalogue complet de l’exposition et le tiens volontiers à disposition dans mon bureau, sur rendez-vous.
D’année en année, différentes familles de thé sont mises en avant. Les thés verts étaient très présents en 2004 et 2005, les thés Oolongs avaient pris la relève et enfin les thés Pu’er, exposés par de nombreuses sociétés, en 2008 et 2009.
Cette année la vedette était à nouveau aux thés sombres, que les Chinois eux-mêmes appellent « hei cha », c'est-à-dire « thés noirs ». Dans cette famille de thés on distingue trois groupes : les plus connus des hei chas sont justement les thés Pu’er du Yunnan, puis il y a les thés Liubao des montagnes du Guangxi et les Hunan hei chas, les thés sombres de la province du Hunan, qui ont été mis en valeur dans cette exposition 2010.
Ce sont des thés très intéressants que l’on ne voit encore que rarement en Europe et que l’on produisait au départ dans le seul district d’Anhua dans un paysage montagneux en bordure des régions habitées par les minorités.
Là se trouve la société productrice la plus importante, Baixashi, qui appartient à l’état, et qui a gagné le prix d’excellence de l’exposition 2010 avec ses folkloriques paquets troncs immenses de 36,25 kg, tout enrubannés. A l’origine ces thés n’étaient pas seulement consommés par les habitants sur place mais servait de monnaie d’échange, encore pour acquérir des chevaux, auprès des minorités des frontières et des populations nomades du nord-ouest. Afin de pouvoir les transporter sur de longues distances on a développé ces emballages en lanières de bambou, boîtes en cuir et musettes de textile, très décoratives et très pratiques. |
La fabrication de ces thés s’effectue en plusieurs étapes : la cueillette, une fermentation en pile en manufacture, un séchage au feu de bois, une maturation en vrac de plusieurs semaines puis un traitement à la vapeur pour compacter le thé dans les différentes formes et enfin un nouveau un séchage au soleil et au vent. Non seulement ces thés se bonifient avec les années – on me montre une brique de plus de 50 ans à un prix astronomique - mais ils développent au cœur des feuilles compactées une flore microscopique très recherchée qu'ils appellent «fleurs d'or» qui donnerait ce velouté moelleux très aromatique à la tasse et qui aurait selon certains des effets bénéfiques sur la santé.
J’évoquerai quelques autres thés intéressants dans le numéro suivant de la Nouvelle Presse du Thé tels que Tibetan Tea, thé jaune du Junshan, les thés verts du Guizhou….